novembro 21, 2007

Yvan Avena

Le poète qui vous parle III

Le discours du poète pénètre dans l’intimité des choses. Si je dis : il faut augmenter le PIB pour augmenter les richesses, mon discours est rationnel mais il est froid et aride. Par contre si je dis : en augmentant le PIB nous accélérons aussi la destruction de nos richesses naturelles ma rationalité devient humaine.

Quand je dis humain j’exprime quelque chose de très complexe qui ne peut pas se résumer par des slogans. Minuter le temps de parole, comme le fait habituellement la télévision, est non seulement inhumain mais contraire aux lois de la nature et de l’art. Quand on mesure le temps on détruit la liberté de pouvoir être soi-même au bon moment. Les horaires rigides de travail de nos sociétés “modernes” sont les derniers restes de l’ignominie de l’esclavage. Ils sont aussi la mort programmée de la sensibilité et de la créativité. Il est impossible d’écrire des poèmes inspirés, de réaliser des chefs-d’oeuvres de la peinture ou musicaux à heure fixe pour un salaire. Même un bon salaire. Canto general, Guernica ou la Flûte enchantée sont le résultat de beaucoup d’heures de travail, beaucoup de rigueur certes, mais librement choisies.

Le travail imposé et rationalisé permet l’abondance de produits dans les supermarchés, mais ne laisse pas le temps, aux consommateurs, pour anlyser la nécessité de tous ces produits, ni même celle de l’existence de tant de supermarchés.

Les produits industriels peuvent apporter un certain confort matériel mais ne peuvent pas apporter le bonheur, car la logique industrielle est tout le contraire de la poésie.

Sans poésie pour rêver il n’y a pas de bonheur possible. Mais pour rêver il faut beaucoup de loisirs. L’un ne va pas sans l’autre.

Donc le but social du poète, sa raison d’être, est de donner beaucoup plus d’importance aux rêves qu’aux objets fabriqués ; ou alors de nous enseigner ce qu’il peut y avoir de poétique dans la beauté d’un objet fabriqué par la main de l’homme ou par la nature.

Pouvez-vous décrire les objets de votre entourage qui vous apportent le plus de bonheur et ceux qui sont inutiles ou même nuisibles ? ... La poésie est peut-être dans votre réponse. L’avenir du monde aussi.

Bibliographie recommandée :


“Une apologie des oisifs” – Robert Louis Stevenson – Ed. Allia 1999 (publié pour la première fois en 1877)
“Libérer l’avenir” – Ivan Illich – Ed. du Seuil 1971
“Travailler deux heures par jour” – Adret – Ed. du Seuil 1977
“Le mythe du développement” – 18 auteurs sous la direction de Candido Mendès – Ed. Seuil / Esprit 1977
“Le chômage créateur” – Ivan Illich – Ed. du Seuil 1977
“Del paro al ocio” – Luis Racionero – Ed. Anagrama (Barcelona) 1983



Intervention 2 - Vinicius Figueiredo - Artteria - GO

2 Comments:

Blogger Monikki said...

Merci Manoela.

Yvan Avena

novembro 22, 2007 9:11 AM  
Anonymous Anônimo said...

Olá, Manoela.

Que belo blogue o teu.
Chiquísismo escrever na língua de Rimbaud e Proust!!!

dezembro 07, 2007 12:30 PM  

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